archives : Redonner à la baie son visage originel

DEPOLLUTION DE LA BAIE DE HANN








Un montant de 33 milliards va servir à l dépollution de labaie de Hann. Une aubaine pour les habitants des quartiers de yarakh, Hann et Bel Air.
2ème baie mondiale après celle de Rio de Janeiro au Brésil, la baie de Hann qui était l’une des plus belles plages du pays, est de nos jours polluée. Cette baie qui fondait sa « réputation sur son tourisme balnéaire », est victime de conséquences néfastes au niveau de l’économie et de l’écosystème. La baie s’étire sur trois kilomètres, avec un quai de pêche s’étendant sur 800 mètres. Il est 17 heures. Le soleil brille aux éclats. Une forte canicule submerge la capitale dakaroise. La fatigue se lit sur le visage de la plupart des passants. La plage est animée à cette heure de la journée. Pêcheurs, mareyeurs, vendeurs et acheteurs font des va-et- vient incessants.
Quelques pirogues reviennent de la mer. Certains vont à leur rencontre, tandis que d’autres les attendent sur la plage. Malgré les rigueurs du ramadan, de petits enfants se baignent. Ils font des activités ludiques en pleine mer. Des pirogues jonchent la plage. A quelques encablures du grand bâtiment qui abrite le GIE Site Hann, est écrit sur un tableau « Dakar, plage propre ». Ce slogan répond-t-il aux normes ? Des tas d’immondices bordent la mer. Pis, les canaux qui se déversent sur cette plage changent la cou- leur de la mer qui, au lieu de garder sa couleur normale, emprunte celle de la terre. Il est difficile d’humer la brise de mer à cause de cette odeur nauséeuse qui s’en dégage.
YARAKH, UNE LOCALITE SANS EGOUTS
Ces eaux usées qui se déversent dans la mer via des canaux proviennent des usines et des mai- sons. Yarakh ne dispose point d’égout. De ce fait, les habitants sont obligés de déverser leurs eaux usées dans la mer. « On est obligés de venir jus- qu’ici pour déverser les eaux usées dans la mer parce qu’il n’y a pas d’égout à Yarakh », déplore Adama Mbengue, habitante de cette localité. Non loin d’elle, une dame qui préfère garder l’anonymat, tient un seau rempli d’eau sale qu’elle compte déverser quelque part. Direction ? La mer. « Vous voyez ! On n’a pas le choix. Toutes les eaux usées des maisons se déversent dans la mer parce qu’on ne peut pas les garder, encore moins les verser sur nos rues étroites », fait remarquer Marie Faye.
Ce que Fallou Mbengue balaie d’un revers de main : « c’est vrai qu’il n’y a pas d’égout à Yarakh, mais les femmes qui s’occupent des travaux domestiques doivent d’abord enlever les ordures qui se malaxent aux eaux usées, avant de les déverser dans la mer », s’emporte M. Mbengue qui ajoute : « c’est difficile de changer la mentalité et les comportements des gens qui pensent que la mer est une poubelle. L’environnement sénégalais est très pollué ». Cette pollution qui est aussi la source de certaines maladies peut être source de raréfaction des poissons. « La baignade doit être interdite à la baie de Hann. Ceux qui y font leur baignade peuvent être victimes de maladies », alerte Bamba Diop. Pa Tamsir, comme le surnomment ses proches, est un habitué de la mer. Il a passé 46 ans dans la pêche. Pour lui, la rareté des pois- sons est due à la pollution de la plage. « Jadis, on restait sur la plage pour pêcher. Mais actuelle- ment, pour avoir de la sardinelle, on est obligé d’aller en pleine mer », lance-t-il.
De ce fait, il invite le gouvernement sénégalais à fermer ces canaux à ciel ouvert qui polluent la baie de Hann. Pourtant, une société dénommée « Sen Environnement » s’occupait de l’assainissement de la plage. Cette structure s’attelait tous les jours à la collecte des ordures et des déchets provenant de la mer. « La baie était très propre, mais depuis que la société « Sen Environnement » a fermé ses portes, la baie est redevenue infréquentable », explique Ibrahima Sarr. Dès fois, c’est la mairie de la ville de Dakar qui envoie des éléments pour le nettoyage ou ce sont les jeunes du quartier qui se mobilisent le week-end pour faire du set-sétal ».
LES INDUSTRIELS, DE GRANDS POLLUEURS
Les industriels qui jettent des produits chimiques dans la mer provoquent la pollution marine, l’un des maux dont souffre la baie de Hann. Interpellé sur la pollution de la baie de Hann, Ibrahima Sarr, chargé de l’organisation du GIE Site Hann, lais- se entendre avec amertume : « ce sont les usines qui polluent notre plage. Ces saletés qui inondent la baie proviennent de Rufisque, Bargny, Thiaroye et Mbao », indexe M. Sarr. Cet avis est partagé par le vieux Tamsir Faye assis à ses côtés : « c’est vrai que ces localités constituent un véritable casse-tête pour la baie de Hann, mais le grand pollueur constitue le canal de Sotiba (localité située dans la ville de Pikine) », affirme ce Sérère bon teint qui ressemble à un marabout. Il s’est emmitouflé dans un caftan marron, la taille moyenne, avec sa barbe blanche et le chapelet entre les mains.
OUMAR GUEYE TIRE LA SONNETTE D’ALARME
Oumar Guèye, le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, a proclamé que l’Etat du Sénégal a engagé l’accélération du projet de dépollution de la baie de Hann. A l’en croire, un montant de 33 milliards financé par les bailleurs de fonds, notamment l’Agence française de développement (Afd) a été débloqué. D’après le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, ce projet qui avait connu un coup d’arrêt en 2010 est sur le point d’être accélérer afin d’être disponible en fin 2016. Pour lui, il y aura une redevance industrielle aux entreprises qui adhèrent à ce projet, individuellement ou à titre d’une organisation. Ce deadline était fixé avant fin décembre 2012, mais depuis lors, aucune entreprise n’a respectée ses engagements. Pourtant, un fonds de 8 milliards était mis à leur disposition dans le but de les accompagner.
L’ouvrage de ce projet comprend un intercepteur qui fait 13 km à partir de la cité ISRA jusqu’à Petit Mbao, sans oublier l’émissaire de 3 km en mer, pour le rejet des eaux usées. Les « 75 industriels » qui sont concernés par ce projet vont payer une redevance pour prendre part à la maintenance de l’ouvrage. Mais où est passé le Code de l’environnement ? Pourtant, des sanctions sont prévues contre les coupables. L’article RS6 alinéa 2 du Code de l’environne- ment stipule que « sont interdits tous rejets à partir de la côte, d’eaux et de toutes substances usées, de déchets industriels, de toutes sub- stances solides ou liquides toxiques, pouvant souiller des plages et des zones littorales ».

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