Projet de dépollution de la Baie de Hann : 35 milliards trouvés pour le démarrage des travaux en novembre prochain

Pour redonner à la Baie de Hann son lustre d’antan, celui de l’une des plus belles plages au monde, l’Agence Française de Développement (AFD) et la Banque Européenne d’Investissement (BEI) ont accordé à l’Etat sénégalais une enveloppe de 35 milliards de Fcfa. En effet, tous les mécanismes, pour l’effectivité du projet, sont mis en branle selon les assurances du ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Pape Diouf, qui s’exprimait en marge d’un Conseil interministériel, présidé par le Premier ministre, Mme Aminata Touré, sur le Projet de dépollution de la Baie de Hann dont les travaux vont démarrer en novembre prochain.

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Autrefois, on avait une mer poissonneuse, des eaux calmes et claires, un port naturel pour pirogues... La baie de Hann, qui s'étend sur une dizaine de kilomètres au sud de Dakar, avait l'une des plus belles plages du pays. Depuis quelques années, la conjugaison de plusieurs facteurs a pollué le site. Des eaux poisseuses, une plage crasseuse, des canaux fétides et répugnants occasionnant des maladies dermatologiques, respiratoires et surtout diarrhéiques, telle est la situation qui prévaut actuellement dans cette baie. Laquelle connaît une pollution sans égale occasionnée, entre autres, par des déchets plastiques couverts d’huile qui viennent directement du canal 6, celui de la zone de captage, derrière l’hôpital général de Grand Yoff (Hoggy). Elle abrite aussi un marché aux poissons qui est ravitaillé par les prises de centaines de pirogues de pêche traditionnelle. Les entreprises, notamment celles spécialisées dans la boucherie, la polluent par des produits chimiques pour les peaux. Les rejets des industries situées à proximité de la baie, les algues, les eaux usées déversées par des canaux etc. sont directement déversés dans la mer via la Baie de Hann (…)Pour ne pas baisser les bras et dans un bel élan de mobilisation sociale, les riverains effectuent depuis quelques années, sous l'impulsion de la commune de Hann-Bel Air, des opérations de dépollution durant les week-ends. Sans grands moyens, cependant. 
Dans cette oeuvre de longue haleine de protection de l'environnement, les habitants de Hann bénéficiaient jusque-là de l'assistance de la Sénégalaise des Eaux (SDE) qui leur avait offert un important lot de matérielscomposé  de brouettes, de pelles, de râteaux, ainsi que des t-shirts pour la sensibilisation etc. 
L’Etat était en reste mais il a décidé de sauver ce poumon marin de Dakar. Une bonne nouvelle pour les populations de Dakar et, plus particulièrement, les riverains de Hann. Le Sénégal, qui cherchait un moyen d’assainir ce lieu,  vient de décrocher un financement de 35 milliards de  francs auprès de l’Agence française de développement et la Banque européenne d’investissement. En cours depuis 2009, le projet de dépollution de la baie de Hann va enfin entrer dans sa phase d’exécution à partir de novembre prochain. Cette assurance a été donnée par le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, M. Pape Diouf, au sortir d’une réunion technique présidée par le Premier ministre,Mme Aminata Touré. "Nous allons finaliser les dossiers d’appels d’offres entre avril et mai, et les travaux vont débuter au mois de novembre prochain. Nous comptons les terminer en 2016", a-t-il dit. En effet, toutes les conditions semblent réunies pour le démarrage de ce projet, lequel a accusé du retard dans son exécution. 
Le ministre a précisé qu’un fonds de 8 milliards de F CFA est déjà logé au niveau de la banque BICIS pour l’accompagnement des industriels  dans la mise en place de systèmes de prétraitement avant le déversement des eaux en mer. A l’en croire, d’ailleurs, « certains industriels ont commencé à mettre en place des systèmes de traitement des eaux usées. Il faut amener les autres à en faire autant. Pour ce faire, nous allons imposer de très fortes taxes. Nous serons intraitables là-dessus. Il y a des textes, et on va les appliquer", a fermement déclaré M. Diouf.  Rappelons que 
le Projet de dépollution de la Baie de Hann fait partie des quatre systèmes d’assainissement définis dans le Programme d’Assainissement de Dakar. Toutefois, l’exécution des travaux nécessite une discussion au préalable avec les populations qui manifestent une certaine réticence. "C’est normal que les populations s’y opposent parce que, peut-être, elles ne comprennent pas les motivations du projet. Notre rôle est d’aller vers elles pour leur faire comprendre les dangers que constitue cette situation sur leur santé, sur la pêche et l’utilité du projet pour leur bien-être", a expliqué le ministre Pape Diouf,  qui invite tout le monde à s’y mettre pour que le projet puisse aboutir.  A cet effet, un dialogue permanent continuera d’être instauré avec les populations locales afin de les faire adhérer entièrement à ce projet. Après avoir écarté l’application du principe "pollueur payeur", le ministre Pape Diouf a  demandé aux industriels de se préparer à payer des redevances pour le maintien et l’entretien des ouvrages de dépollution. Il s’agira entres autres de huit stations de relevage des eaux polluées de la baie de Hann jusqu’à Mbao, en banlieue, et l’aménagement d’un émissaire de trois kilomètres en mer. 
Pour sa part, le Premier ministre, Mme Aminata Touré, a expliqué que "les lenteurs enregistrées dans le projet de dépollution de la baie de Hann sont imputables à la nécessité de confirmer et d’améliorer le schéma technique du projet par la conduite de certaines études de la baie". Bref, le compte à rebours pour la dépollution de cette baie, l’une des plus belles du monde, pour lui rendre son lustre d’antan a commencé. Tant mieux pour les riverains et les Dakarois qui pourront enfin y piquer des plongeons ou, tout simplement, respirer de l’air pour ou admirer sa beauté…